Jean Cantaloube n'a jamais travaillé à
la SNCF. Loin de là ! Il était chargé d'affaires en génie climatique. Pourtant, ce retraité redonnais est incollable sur l'histoire du rail : l'organisation et l'évolution des réseaux ferrés, les
innombrables réseaux privés et les compagnies de tramways départementaux.
Sa passion occupe deux pièces de sa maison et son garage. Un vrai musée. Il a reproduit à l'identique d'innombrables machines, voitures ou wagons, rigoureusement, à
l'échelle 1/160e , la norme qu'il a choisi. Et le tout, à partir de plaques, de barres et de blocs de laiton. Un travail d'orfèvre. Logique. Son père était bijoutier en chambre, rue
Manin, à Paris. Enfant, Jean ne se lassait pas de le regarder travailler à la loupe, tout en minutie. « Mais sa mère avait aussi des doigts de fée, elle faisait ce qu'elle voulait avec une
aiguille », rappelle son épouse, Jacqueline.
Après un baccalauréat technologique, Jean Cantaloube, l'habileté en héritage, prépare les Arts et Métiers. « Prépare, seulement..., souligne Jean. Mais je
reconnais que j'étais parmi les meilleurs en travaux d'atelier. » Un copain de la communale lui fait découvrir l'univers des wagons et des locomotives, achetées en kit. Jean pratique quelque
temps et abandonne : les études, le travail, la vie... En 1980, il déménage de Rueil à Meudon, dans un pavillon, avec un grand grenier. « Tout a démarré avec un cadeau : un
circuit en rond. J'ai donc construit mon circuit, mais je manquais de temps. » 1996. La retraite. Retour à Redon, ville natale de son épouse.
Jean se lance dans la réalisation, en construction intégrale, de ses 80 motrices, ponts, viaducs, gares... Il crée des vitrines qu'il emmène dans des salons à
travers la France : Villebon (région parisienne), Saint-Avertin, Orléans... et plus près de Redon, Séné et Laval. Au cours de ces rencontres entre spécialistes, on échange des adresses de
fournisseurs de châssis ou de moteurs et des conseils. On est aussi très critique dans ce monde du dixième art.
Dix heures par jour. Devant une vitrine, représentant la gare de Beynat, en Corrèze, un connaisseur remarque : « Dis donc, Jean, tes vaches, elles n'ont rien
de limousines... » Il avait raison. « Un tour sur internet, et je les ai repeintes aux couleurs de la race ».
Quand un sujet le captive, Jean Cantaloube peut se lever à 6 h 30, et travailler jusqu'à dix heures par jour. Son
plaisir : manier l'équerre à chapeau, la cisaille de bijoutier ou la scie bocfils, fraiser et meuler à la roulette de dentiste, souder à l'étain ou coller à la cyanolite. Tout çà pour créer
le chien assis qui se voit à peine, là, sur la sixième maison, près de la gare.
Une passion qu'il partage avec son épouse : « Elle m'accompagne sur le terrain, lors des recherches. » Ensemble, ils viennent de travailler sur les TIV
(Transports d'Ille-et-Vilaine), parcourant tout le département. « Je m'apprête à reproduire la gare TIV des Forges de Paimpont. Mon épouse est passionnée de lecture et d'écriture, elle a
fait deux livres sur les trains, nous avons des hobbies compatibles ».
Un loisir qui semble être devenu l'apanage des retraités. Jean Canteloube l'avoue volontier, il croise peu de jeunes maquettistes : « D'abord parce que c'est
un loisir qui coûte cher. Une motrice peut valoir 150 €. Quand on construit, ce sont des heures et des heures. Les jeunes, ils veulent souvent le résultat en un clic. » Jean Cantaloube,
lui, a tout son temps et en plus, il sait qu'il n'épuisera pas son sujet.
Les petits trains, un jouet de gamin ? Pas pour Jean Cantaloube en tout cas ! Le Redonnais est maquettiste ferroviaire. Un vrai passionné de l'établi, avec plus de projets qu'il ne pourra en
réaliser. Le voici devant son circuit, inspiré de la région SNCF de Bretagne, une réalisation intégrale effectuée à Meudon, dans son grenier. Depuis, sa passion occupe deux pièces et son garage
de sa maison à Redon. Un vrai mordu comme on les aime sur Passion-Trains ! (photo : Ouest-France).