SOCIETE : Les voies ferrées, terrain de jeu à haut risque pour certains adolescents
FRANCE - "Jeu du torero" au passage du train, barrages et jets de projectiles sur les voies: ces jeux dangereux
auxquels des mineurs s'adonnent, semble-t-il, de plus en plus fréquemment, retardent le trafic SNCF et RATP et sont parfois à l'origine d'accidents mortels chez les auteurs ou
voyageurs.
Sur la seule région Ile-de-France, la brigade des réseaux ferrés, dépendante de la Police urbaine de proximité de la préfecture de police de Paris, a engagé en 2005 16 procédures pour "entrave
à la circulation", 30 en 2006 et 20 de janvier à mai 2007, selon Jean-Marc Novaro, commissaire divisionnaire de la brigade. Récemment, se souvient-il, un groupe d'adolescents a
caillassé un train après l'avoir immobilisé en montant un barrage sur la voie.
Pierre Orlach, délégué régional sûreté de la direction de Paris Est du Transilien, constate la multiplication de ce type d'incidents depuis le début de l'année sur son réseau.
Le 29 mars, quatre enfants de 12 à 15 ans jettent sur un train de fret, à hauteur de la zone industrielle de Meaux, un "caniveau", un bloc de béton pesant 20 kilos. Les agents qui
vont vérifier l'état des voies trouvent deux caniveaux et de gros blocs de pierre sur les rails. Conséquence: 115 trains perturbés, 95 heures de retard cumulées. Le 21 mai, trois jeunes de 10
à 13 ans jouent au "jeu du torero" en traversant volontairement les voies à hauteur du tunnel de Chalifert. Par mesure de prudence, toutes les circulations sont arrêtées, et les
retards innombrables. Le 20 juin enfin, ce sont deux enfants de 12 et 13 ans qui s'allongent sur les voies après avoir déposé du ballast sur les rails, à hauteur de Roissy-en-Brie.
De tels agissements ne sont pas toujours sans conséquences malheureuses. Le 1er décembre 1993, un jeune homme de 16 ans avaient provoqué un accident qui avait fait quatre morts en posant sur les
rails une pièce métallique d'une trentaine de kilos, à Saint-Leu-d'Esserent (Oise).
La région parisienne n'est pas seule touchée par le phénomène. Le 14 juin, sept collégiens de 11 et 12 ans ont bloqué pendant une demi-heure le TGV Nice-Paris, et l'automne dernier, en
Indre-et-Loire, des conducteurs avaient signalé des jeunes s'amusant à traverser devant le train. Pour Magalie Duwelz, présidente de l'association SOS Benjamin, ces "jeux" s'apparentent aux
90 "jeux de la mort" recensés par l'association, dont le tristement célèbre "jeu du foulard".
Interrogée par l'AFP, la SNCF n'a pas été en mesure de préciser au niveau national la fréquence de ce type d'incidents. Selon des statistiques globales, 70 personnes sont mortes ou ont été
grièvement blessées en 2006, heurtées par un train ou électrocutées, par imprudence ou à la suite d'un jeu (hors suicides). En 2005, on dénombrait 62 victimes. Par ailleurs les actes
portant ou pouvant porter atteinte à la sécurité de l'exploitation (dépôts d'objets sur les voies, jets de projectiles sur les trains) tournent bon an mal an autour de 3.500.
La réponse à ces comportements est à la fois d'ordre physique (clôturage des emprises SNCF, surveillance accrue des réseaux), et pédagogique, la SNCF multipliant les "interventions en
milieu scolaire" (IMS), pour sensibiliser les jeunes: elle ont touché 100.000 jeunes en 2005, 140.000 en 2006.
La réponse est aussi pénale : la loi sur la prévention de la délinquance du 5 mars 2007 a remplacé les amendes, qui sanctionnaient jusqu'alors le fait de pénétrer dans les emprises SNCF, de
dégrader ou d'obstruer les installations ferroviaires, par une peine de six mois de prison, arguant de la "hausse très vive puis (du) maintien à un niveau élevé de la délinquance sur le
réseau ferré, notamment en Ile-de-France".
Pas terrible, comme jardin d'enfants.... et pourtant de jeunes mineurs s'adonnent, semble-t-il, de plus en plus fréquemment au jeu du torero" aux abords des
voies ferrées, à des barrages et à des jets de projectiles sur les voies. Age bête, quand tu nous tiens...
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