REPORTAGE : L'ancienne gare de déportation à Bobigny sera bientôt restaurée
FRANCE - Deux ans après son rachat par la ville de Bobigny, pour un euro symbolique, et son
inscription à l'Inventaire supplémentaire des monuments historiques, l'ancienne « gare de la douleur » voit s'esquisser le paysage qui en fera, à l'horizon 2010, un lieu de mémoire. Les premiers
travaux commenceront en septembre sur ce site unique en France, la seule gare de déportation désaffectée et préservée presque en l'état. Sa mise en valeur complétera une géographie du souvenir
déjà tracée au fil des anciens camps d'internement, dont celui de Drancy, à deux kilomètres de
là.
Bobigny a gagné son triste rang de « gare de déportation » le 18 juillet 1943, lorsqu'un premier convoi de 1 126
prisonniers a pris la direction de l'Allemagne, vers l'un de ses camps de l'horreur. Vingt autres convois suivront durant la guerre, emportant 22 407 personnes, dont sont revenues seulement 1
515. Un peu en retrait du bâtiment voyageurs, posée comme une pâtisserie grise entre des chemins de rails, la gare de marchandises était l'ultime étape avant
Auschwitz.
Lorsque le projet, évoqué une première fois il y a près de vingt ans, aura abouti (voir repères) , la friche de l'avenue Henri-Barbusse n'aura pas
seulement rang de mémorial. Elle deviendra aussi lieu « d'éducation citoyenne » et d'événements culturels comme celui initié, au printemps 2005, par la compagnie théâtrale de la Pierre Noire avec
les « Lignes de vie », un parcours scénographique sur le thème de la déportation. D'ici là, la ville aura peut-être convaincu la SNCF de lui rétrocéder l'ensemble du terrain de 3,5 ha
(Bobigny n'a acquis que 1 450 m 2 et la gare voyageurs).
La halle marchandises, d'où partaient les convois, sera réhabilitée mais en la laissant délibérément vide, « pour évoquer l'absence de tous ceux qui, un jour,
ont embarqué devant ce bâtiment », expliquent les coordinateurs du projet. Bien avant cela, une étape cruciale sera franchie en septembre : le début de la restauration du bâtiment voyageurs, sur
lequel planche Anne Bourgon. Le permis de construire a été signé en avril dernier, le mois prochain commencera un chantier estimé, pour la seule restauration extérieure, à près de 500 000 €, et
pour lequel a été ouverte une souscription publique. « Hormis la toiture à refaire, les façades côté voies vont être consolidées et brossées, nettoyées minutieusement mais conservées telles
quelles », précise Anne Bourgon.
Autre travail majeur à la rentrée : le lancement d'une étude sur la dépollution du site. Truffé d'hydrocarbures et de métaux lourds comme le plomb ou le cuivre, le terrain devra être remis en
état.
Parce que des choses innommables ont été aussi faites avec le train... l'ancienne « gare de la douleur » de Bobigny voit s'esquisser le paysage qui en fera, à l'horizon 2010, un lieu de mémoire. Les premiers travaux commenceront en septembre sur ce site unique en France, la seule gare de déportation désaffectée et préservée presque en l'état.
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