JUSTICE : Verdict mercredi 31 octobre pour les attentats de Madrid
ESPAGNE - La justice espagnole rend mercredi son verdict
contre les auteurs et collaborateurs présumés des attentats du 11 mars 2004 à Madrid (191 morts, 1.841 blessés), revendiqués au nom d'Al-Qaïda, les plus meurtriers en Occident depuis ceux du 11
septembre 2001 aux Etats-Unis.
Après trois mois de délibéré, le juge Javier Gomez Bermudez, de l'Audience nationale, le tribunal antiterroriste espagnol, prononcera vers 11H00 (10H00 GMT) sa sentence contre les
28 accusés. Il s'agit en majorité de Marocains vivant en Espagne et convertis au jihad selon le ministère public, et d'un groupe de délinquants espagnols des Asturies (nord) qui leur auraient
fourni les explosifs contre de la drogue. Le parquet a requis contre eux des peines cumulées record de 311.865 années de prison, limitées dans la pratique à 40 ans de réclusion maximum
chacun. Lors d'un procès fleuve qui s'est tenu à Madrid du 15 février au 2 juillet, ils ont tous nié avoir participé à ces attaques qui avaient plongé le pays en état de choc à trois jours
d'élections législatives. Ils ont aussi nié tout lien avec l'islamisme radical ou Al-Qaïda, observant pour certains des grèves de la faim pour dénoncer "l'injustice" du procès.
Le 11 mars 2004, vers 07h40, dix bombes avaient explosé dans quatre trains de banlieue bondés d'employés de bureau, d'ouvriers ou étudiants, se rendant vers la gare madrilène d'Atocha. Ces
attentats d'abord attribués aux indépendantistes basques de l'ETA par le gouvernement conservateur de l'époque, allié des Etats-Unis dans la guerre en Irak, avaient été rapidement revendiqués au
nom d'Al-Qaïda. Ils avaient clairement contribué à la victoire surprise aux législatives du 14 mars, du socialiste José Luis Rodriguez Zapatero, qui, par la suite, a tenu sa promesse électorale
de retirer d'Irak le contingent militaire espagnol. Sept des principaux auteurs présumés s'étaient suicidés collectivement à l'explosif trois semaines plus tard à Leganés (banlieue de Madrid)
lors du siège policier de leur appartement. Les regards se tourneront surtout mercredi vers cinq accusés vedettes, trois cerveaux et deux poseurs de bombes présumés, qui encourent chacun des
peines voisines de 40.000 ans de prison.
Les trois premiers sont Rabei Ousmane Sayed Ahmed dit "Mohamed l'Egyptien", détenu à Milan d'où il suivra probablement le verdict par vidéo-conférence, le Marocain Youssef Belhadj, soupçonné
d'être le porte-parole d'Al-Qaïda en Europe qui apparaît sur une vidéo revendiquant les attentats, et le Marocain Hassan Al Haski, ex-chef présumé en Espagne, puis en Europe, du Groupe islamique
combattant du Maroc (GICM). Les deux autres sont le Marocain Jamal Zougam, que des témoins affirment avoir reconnu dans un des trains, et le Marocain Abdelmajid Bouchar, qui aurait échappé au
siège policier de Leganés et dont les empreintes ont été trouvées dans une maison où avaient été assemblées les bombes. Le Syrien Basel Ghayloun, accusé au départ d'être l'un des poseurs de
bombes n'est plus considéré comme tel. Le procureur a pendant le procès réduit ses réquisitions contre lui à 12 ans de prison contre 38.654 ans auparavant. Le procureur a en revanche revu à la
hausse les peines réclamées contre les Marocains Othman el-Gnaoui et Rafa Zouhier, qui encourent près de 40.000 ans de prison contre 24 et 20 ans au départ, considérant désormais qu'ils ont
"coopéré" aux attentats.
Le tribunal a en outre acquitté pendant le procès l'un des accusés mineurs, le Marocain Brahim Moussaten, faute de preuves. "Le pire attentat de l'histoire de l'Espagne a été l'oeuvre d'une
cellule liée au +jihadisme+ et à Al-Qaïda, l'organisation terroriste qui se cache derrière la majeure partie des attentats commis dans le monde", avait déclaré en mai le procureur Javier
Zaragoza.
L'Audience nationale, la plus haute instance pénale d'Espagne, rendra ce mercredi son verdict dans le procès des 28 personnes accusées d'avoir trempé dans
les attentats qui avaient fait 191 morts le 11 mars 2004 dans des trains et gares de Madrid. Au trou les fous de
Dieu, au trou...
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