ESCROQUERIE : L'histoire du très mobile fantôme du train Douai-Lille-Hazebrouck
FRANCE - Usager du TER, ouvrez bien les yeux ! Surtout dans le Douai-Hazebrouck, via Lille. Vous voyagez peut-être en compagnie d'un fantôme.
Explications... Une scène très banale au palais de justice en ce 9 janvier 2008. Un habitué épluche le rôle d'audience avec une greffière. La dame de pointer un dossier : « Celui-là est annulé. Le prévenu est mort. » Une sombre affaire de faux abonnement de train datant de 2004. Seulement voilà, la SNCF a bien fait les choses. En clair, elle a dépêché des observateurs à l'audience. L'un d'eux se dresse et demande la parole, interloqué. Le décès de ce suspect de 50 ans est très étonnant. « Je l'ai croisé hier, s'étrangle le témoin inattendu. Et je ne peux pas me tromper. Ce monsieur est un ancien cheminot. On le connaît très bien ! »
Branle-bas de combat ! Colère du président Flamant : « Se moque-t-on du tribunal ? » Renvoi du dossier pour vérification. Et, effectivement, l'abonnement n'était pas l'unique document bidon. L'acte d'état civil annonçant le trépas l'était également. D'ailleurs, la justice ne sera pas la seule à lancer une enquête. La Voix du Nord aussi. Et, dans les registres d'état civil d'une petite commune du Douaisis, les découvertes sont éloquentes. « En cas de décès, la commune de naissance est informée, souligne une consoeur. Là, rien.
La stratégie du contrefacteur est simple. En cas de disparition d'un délinquant ou d'un criminel présumé, la poursuite des poursuites est forcément compromise. Extinction de l'action publique. De là à endosser le costume de fantôme pour un misérable abonnement bidon... D'autant plus que, visiblement, cette affaire n'a pas servi de leçon au facétieux resquilleur. Il y a deux mois, toujours sur la fameuse ligne Douai-Lille-Hazebrouck, l'homme a de nouveau été l'objet d'un contrôle. À la loupe. « Encore un faux abonnement !, soupire-t-on à la SNCF. D'où un nouveau dépôt de plainte.
Gageons qu'au palais de justice, cette procédure sera classée DPS. Comme dossier particulièrement surveillé.
La justice n'est pas qu'une question de gendarmes et de voleurs. Les magistrats sont souvent confrontés à des soubresauts de la vie débouchant sur des situations dramatiques, mais également loufoques pour ne pas dire burlesques. Quand le droit se penche sur des cas tortueux, voire tordus. Aujourd'hui, le spectre très réel dont la SNCF se passerait bien.
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