FRET FERROVIAIRE : L'axe central réactivé ?
FRANCE - À l'horizon 2017, pour sa commercialisation, la ligne ferroviaire à grande vitesse (LGV) rendra Paris accessible à 1h28 de Rennes et 3h08 de Brest. Un projet estimé à 3,4milliardsd'euros en 2010 et dont les travaux, entre LeMans et Rennes, vont démarrer à la fin de l'année 2013.
Pendant leur déroulement, le trafic des voyageurs ne sera pas perturbé. «Ce qui ne sera pas le cas pour 60% du fret en Bretagne. En particulier celui à destination des Côtes-d'Armor, du Nord Finistère et d'une partie de l'Ille-et-Vilaine», estime YvonRoccon, en charge du développement du fret au sein de l'association des Chemins de fer du Centre-Bretagne (CFCB). Comment seront approvisionnés les clients réguliers du rail qui s'inquiètent, comme la plate-forme logistique de La Brohinière, de Montauban (35) ou celle de Saint-Méen-le-Grand (35), ou encore les coopératives comme la Cooperl à Lamballe, Triskalia à Châtelaudren (22), le site de Plounérin (22)?
Les CFCB ont une réponse. Eux qui se désolent de voir la Bretagne ne représenter que 2% du fret français et «de constater qu'il a diminué de 50%, au moment où l'Allemagne en a transporté 56% de plus en l'ouvrant au secteur privé». Car si, en 20 ans, l'association, avec une belle obstination, a démontré que le patrimoine ferroviaire avait de l'avenir, elle ne se cantonne pas qu'à restaurer de vieux autorails et à faire circuler des trains touristiques. Elle propose aussi des solutions. «La plus pertinente et la plus économique serait de rouvrir la ligne marchandises qui traverse la Bretagne, entre Auray et Saint-Brieuc».
Une proposition qu'elle a, d'ailleurs, évoquée en avril dernier, lors d'une réunion au ministère des Transports et qu'elle a, d'ores et déjà, chiffrée à12M€. Un chiffre qui permettrait de de réactiver les 12km restant sur les 118km de l'axe Auray-Saint-Brieuc. C'est-à-dire ceux situés entre Saint-Gérand et Loudéac (22), neutralisés depuis 1989. «Or, sur ces 12km, 8km peuvent être réhabilités à moindre frais. La ville de Ploemeur vient d'accepter de nous céder pour un euro symbolique la totalité de ses matériels ferroviaires», précise YvonRoccon, qui a listé tous les travaux, du défrichage au remontage des passages à niveau.
Loïc Le Meur, maire de Ploemeur, n'est pas le seul élu à soutenir le projet. Les élus de Loudéac (22) et Pontivy sont, bien sûr, mobilisés. Outre le fait de coller aux objectifs du Grenelle de l'environnement, la renaissance de la ligne de fret Auray/Saint-Brieuc offre des perspectives de développement économique pour toute la Bretagne. «Les ports de Donges (44), Lorient et du Légué (22) pourront, enfin, être connectés. De plus, elle permettrait le retour du fret au nord de la ligne, évitant les allongements de certains trafics passant par Rennes». Le projet prévoit, aussi, une gestion par un opérateur ferroviaire de proximité. «Et, il ne s'agit pas d'opposer le rail à la route, sachant que nombre de transporteurs y sont favorables». En septembre, les CFCB rencontreront des responsables de Réseau ferré de France (RFF) à Nantes pour en discuter. «Il n'y a pas de temps à perdre. Tout doit être bouclé pour septembre 2013».
Et si la Bretagne à grande vitesse allait, aussi, booster le fret ferroviaire d'une région où il ne décolle pas, desservant l'économie régionale ? La ligne Auray- Saint-Brieuc pourrait alors être rouverte... Un projet pas si fou que cela !
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