HI-TECH : le projet SNCF / IBM "Ulysse" enfin sur les rails ?
FRANCE - Depuis quelques semaines, la co-entreprise SNCF-IBM a entamé le déploiement des centres de services. Un volet important du, très contesté, projet de partenariat « Ulysse » qui doit permettre à la SNCF de gérer plus efficacement sa sous-traitance informatique. Le centre de services « Production Train », confié à Capgemini qui réalise une partie des tâches au Maroc, celui lié au décisionnel et un autre aux activités autour de l’ERP sont lancés ou sur le point de l’être.
« Les études préalables conjointes ont démontré la faisabilité de ces projets » indique Jacques Orsini président de la coentreprise Noviaserv. D’autres études préalables seront menées tout au long de l’année. Au final, une quinzaine de centres de services, pour la partie études, sur l’ensemble des quatre DSI du groupe devraient voir le jour d’ici fin 2001-début 2012 selon Jacques Orsini.
Les centres de services ne sont pas réellement une nouveauté à la SNCF. Cinq préexistaient : deux à SNCF Voyages.SI (ex-DSIV), deux à la DSIF (SI du fret), un à ISI (SI du gérant de l’infrastructure ferroviaire). Mais l’un des objectifs du partenariat signé avec IBM, en janvier 2010, qui a conduit à la création de la co-entreprise, est d’accélérer le déploiement de ces structures de production. Le groupe ferroviaire qui recourt massivement à des ressources externes en mode assistance technique recherchant un mode de fonctionnement plus « industriel ».
La filiale Noviaserv, le bras armé de cette orientation, est détenue à 51% par la SNCF et 49% par IBM, mais elle s’appuie essentiellement sur des opérationnels d’origine IBM. « Big Blue apporte son savoir-faire dans la transformation et l’optimisation de l’achat de prestations» indique Jacques Orsini. Au-delà de l’installation des centres, Noviaserv a un rôle dans la rationalisation de l’achat des prestations d’assistance technique (ou ASTR dans le langage SNCF) et la gestion des appels d’offres des projets au forfait.
La filiale commune fait appel à trois fournisseurs prioritaires, dits « de rang un », pour mettre en place les centres de développement : Capgemini donc, Sopra, et bien sûr IBM. Pour la partie production, IBM dispose seul de cette position de fournisseur privilégié. « Sans exclusivité néanmoins, le contrat d’assistance au poste de travail venant par exemple d’être confié à Osiatis » illustre Jacques Orsini.
Le projet Ulysse vise autant l’amélioration de la qualité des prestations que la réduction des coûts : aux volumes qui leur sont garantis, les trois prestataires référents doivent répondre par une réduction des coûts unitaires. Le recours aux centres « offshore » est ainsi une composante essentielle du dispositif que ne cache plus, désormais, le groupe ferroviaire.
Avec plusieurs mois de retard, la filiale commune a trouvé la marche avant. Mais la vive opposition des informaticiens en internes, inquiets d’une possible mainmise d’IBM sur l’informatique de la SNCF et d’un recours massif à l’ « offshore », a fragilisé le projet. « Il faut du temps pour expliquer ce partenariat ; par exemple que la structure Noviaserv, ce n’est pas IBM » plaide Jacques Orsini.
En interne, les informaticiens pointent toujours le manque de transparence de la direction. Le rôle de « juge et partie » d’IBM à la fois conseil au sein de la coentreprise et fournisseur de la structure- est également contesté. « Des réponses à des appels d’offres d’IBM qui n’étaient pas compétitives au départ se sont retrouvées en bien meilleure position ensuite » relève un informaticien de la DSI-T (activités transverses). Mais cet informaticien juge que la mobilisation aura au moins permis de redéfinir le périmètre des prestations confiées à IBM, à l’origine très avantageux pour Big Blue. Le soufflé de la contestation n’est pas retombé. En février dernier, la réunion de démarrage du centre de Services Production Train, à Lyon, a été perturbée par des manifestants, selon le blog Cortis tenu par informaticien de la SNCF.
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