INSECURITE : Voyage en train avec les veilleurs de nuit
FRANCE -
«Monsieur, vous allez bien ? » Le gendarme se penche vers un homme au crâne rasé, affalé contre la rampe de l'escalier du train à double étage. Il est 22 h 50 ce vendredi soir sur la ligne
Paris-Château-Thierry. Ivre, le voyageur ne pipe mot pour le moment. « Il n'a pas bougé depuis qu'on est monté », lance une jeune femme. C'est l'un des « classiques » des wagons du soir. «
Certains peuvent faire plusieurs allers-retours Paris-Château. Quand le train rentre au garage, on est bien obligé de les évacuer », glisse un agent SNCF de la sécurité ferroviaire, la police des
trains. L'homme ivre sera prié de descendre au prochain terminus. Ce qu'il fait difficilement mais sans broncher.
Ce genre d'incivilité peut prêter à sourire. Pourtant, il s'en passe de beaucoup moins drôle dans les trains circulant le soir. « Nous avons régulièrement des
plaintes pour des vols de portable avec intimidation, parfois des agressions et des phénomènes de bandes », relève le capitaine Jean-François Kiczek, commandant en second de la compagnie de
gendarmerie de Château-Thierry. Dans la nuit de vendredi à samedi, le gradé et ses hommes de la compagnie castelle ont mené une opération de contrôle dans les trains en direction et en provenance
de la Cité des Fables.
L'action a été menée avec les agents de la sûreté ferroviaire. De jour comme de nuit, ces employés de la SNCF patrouillent dans les wagons. « Notre premier niveau
d'interventions se situe principalement au niveau des incivilités », indique l'un d'eux. Des exemples ? Les pieds sur un siège, une cigarette allumée, etc. Et si la plupart des voyageurs du soir
sont tranquillement assis ou en train de piquer un somme, d'autres peuvent être agités. Vendredi, un jeune usager s'amusait à allumer et éteindre son briquet, avec une cigarette à la bouche. Ces
comportements peuvent déboucher sur des contrôles de billets.
Parfois, les choses vont beaucoup plus loin. Au printemps dernier, une jeune voyageuse empruntant le train de 22 h 50 a vu deux individus monter en gare de
Nogent-l'Artaud. Ils se sont approchés afin de lui dérober son sac à main. La victime s'est, semble-t-il, défendue. Elle a reçu deux coups de couteau dans la cuisse. Les deux hommes sont ensuite
descendus à l'arrêt suivant, à Chézy-sur-Marne. Autre cas, toujours en début d'année : le train servait alors de moyen de transport à des bandes. Une quinzaine de jeunes Castels bien énervés ont
été ainsi bloqués, un dimanche de février, en gare de Château-Thierry. Ils tentaient de rejoindre la Seine-et-Marne. Certains individus étaient, semble-t-il, porteurs de barres de fer, de bombes
lacrymogènes.
Que faisait ce beau monde dans les voitures de la SNCF ? Visiblement, ces Castels souhaitaient régler certains comptes avec une bande rivale de La
Ferté-sous-Jouarre. Outre les comportements agressifs, la soirée est également propice à la libération des pulsions « artistiques ». Autrement dit, les coups de bombe de peinture sur les wagons
de voyageurs. Le mois dernier, un tagueur a été surpris par les policiers castels alors qu'il était en plein « travail ». A ce sujet, un maître-chien (employé par la SNCF) effectue généralement
une surveillance dans les gares où du personnel se trouve la nuit. Comme c'est le cas à Château-Thierry.
Prendre le train la nuit tombée dans l'Aisne n'est pas des plus rassurants. Les forces de l'ordre mènent régulièrement des opérations de
contrôle. Un aspect moins glamour du monde des trains...
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