PN : Ce train fantôme qui exaspère les automobilistes
FRANCE - Dimanche, veille de rentrée des classes. Le retour des plages est anticipé. À 16 h 17, la circulation est fluide à Lanveur lorsque, tout à coup, une cloche tintinnabule, le voyant d'un feu se met au rouge et les barrières du passage à niveau n° 2 s'abaissent. Rien de plus normal si nous nous étions trouvés au bout du cours de Chazelles. Mais rue de Kerjulaude, entre les Petites soeurs des pauvres et l'Université, il est de notoriété publique qu'aucun train ne passe jamais. « Non, non, contredit un riverain. Deux ou trois fois par an, un train de marchandises circule par ici. Ainsi qu'une locomotive chargée d'élaguer les arbres et de traiter les mauvaises herbes. » Au vu des touffes qui s'épaississent au point de dissimuler les rails, la loco n'y a plus roulé depuis belle lurette. Toujours est-il qu'un bouchon, de part et d'autre de la voie ferrée, se forme. Des voitures klaxonnent, font demi-tour, voire serpentent entre les barrières.
Dix minutes plus tard, l'employé d'astreinte de la SNCF arrive. Les barrières se lèvent, la circulation reprend. « C'est la troisième fois cette année qu'un tel acte de malveillance se produit sur cette voie qui mène au port », observe Eric Dijoux, responsable des voies à la SNCF de Lorient. « L'an passé, nous avons comptabilisé 13 incidents de ce genre sur ce passage à niveau n° 2, sur celui de Chevassu (PN1) ainsi qu'au Rohu, à Lanester. » Par chance, dimanche, l'agent ferroviaire d'astreinte était domicilié à Lorient. S'il avait dû venir de Quimperlé ou d'Auray, qui plus est un lundi à l'heure de l'embauche...
Or, les services d'Eric Dijoux ont constaté que ces incidents « sont commis plutôt le week-end et le mercredi », sachant que le système de fermeture des barrières, conçu pour être actionné par le train à son passage, n'a pu être déclenché que volontairement.
Pour la responsable du service signalisation électrique de la SNCF, « c'est un problème de comportement civique : les rails sont une propriété privée et chacun se doit de la respecter ». D'autant qu'outre ces mauvaises plaisanteries, la SNCF est aussi victime de dégradations ainsi que de vols, notamment de cuivre, cette année, sur cette même portion de voie ferrée.
Enfin, Brigitte Le Gall indique que sa société va poursuivre les actions de prévention à destination des scolaires, petits et grands. Car il n'est pas inutile de rappeler que ces actes de malveillance peuvent aussi générer « des comportements dangereux » de la part d'automobilistes excédés qui finissent par slalomer entre les barrières. Jusqu'au jour où, même à vitesse réduite, le train ne sera plus fantôme...
Les trains de marchandises ne l'empruntent quasiment plus. Pourtant, les barrières des passages à niveau n° 1 et 2 de la voie ferrée dite « du port » parfois s'abaissent... de quoi énerver les usagers de la route !
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