SOCIETE : Insubmersible Eurotunnel...
EUROTUNNEL - Incendies, concurrence, marché en berne ne peuvent freiner la volonté de Jacques Gounon, président d’Eurotunnel, d’augmenter les trafics. Les chiffres du premier semestre 2010 montrent qu’il y parvient. Le trafic des navettes camions a progresséde 41% quand ce marché se contractait de 17 % en deux ans en raison de la crise économique. La croissance du trafic des voitures de tourisme (plus 17 %) est deux fois plus importante que celle du marché (plus 8%). Quant au réseau ferroviaire (Eurostar et trains de fret SNCF, DB Schenker et Europorte Channel), il apporte un revenu de 126 millions, en croissance de 5 %. Globalement, à taux de change constants, le chiffre d’affaires augmente de 22% à 331 millions d’euros.
La solidité du modèle économique se vérifie également au niveau des profits. La marge d’exploitation a progressé de 3 %, à 143 millions d’euros. Cependant, Eurotunnel a creusé sa perte. Elle atteint 44,8 millions d’euros à comparer avec la perte de 8millions constatée sur la même période en 2009. «Ce n’est pas le trafic qui nous envoie dans le rouge, ce sont les assurances », affirme Jacques Gounon, sans parvenir à convaincre la Bourse, qui a sanctionné immédiatement le titre : le 19 juillet, date de la publication des résultats, le titre a perdu 3,5 %, à 5,76 euros. Les investisseurs sont cependant davantage sensibles à la solidité de la trésorerie, qui atteint 281 millions d’euros à la fin du premier semestre 2010.
Le contentieux avec Eurostar à propos de l’incendie du 11 septembre 2008 bloque en effet le versement d’indemnités par les assureurs. À ce titre, Eurotunnel attend encore 48 millions d’euros, bloqués depuis mai 2009. L’entreprise avait touché 37 millions au premier semestre 2009. Jacques Gounon a prévenu que les comptes de son groupe pourraient terminer l’année dans le rouge si les indemnités d’assurance n’étaient pas versées.
La fermeture partielle du tunnel pendant cinq mois a continué d’avoir un impact négatif sur l’activité des services navettes de ce début d’année. Le service Fret d'Eurotunnel a augmenté sa part de marché à 35 % sur son activité camions. Au-dessus du taux de 29% constaté après l’incendie mais loin du niveau historique de 38 % visé pour la fin de 2010. Cet événement dramatique a conduit l’entreprise à revoir sa façon de travailler. Elle prône l’utilisation de locomotives plus puissantes, capables de tracter des navettes plus longues, plus chargées et donc plus rentables.
Pour les trains de marchandises ou de voyageurs, la politique est différente. Tirant les conclusions de l’immobilisation par la neige de cinq trains et des difficultés d’évacuation des passagers le 18 décembre dernier, Eurotunnel défend avec la Deutsche Bahn la construction de trains plus courts – 200 mètres au lieu de 400 mètres actuellement – et composés de 8 voitures au lieu de 18. Plus courts, plus fréquents, ces trains répondraient mieux aux besoins des voyageurs. Le fret est plus que jamais un marché privilégié. Eurotunnel a acquis fin mai pour 30 millions d’euros le troisième opérateur de fret britannique, GB Railfreight (GBRf), et ainsi ren forcé sa filiale Europorte et sa position de leader sur le marché du fret ferroviaire européen.
Le président d’Eurotunnel est également persuadé qu’il peut attaquer les ferries sur les petits volumes de fret. « Un rééquilibrage s’opère en ce moment. Nous avons moins de grands comptes et nous retrouvons des clients plus petits que nous incitons à reprendre le tunnel au retour alors qu’ils repartaient à vide par les ferries. »
La partie n’est pourtant pas gagnée. Dans une passe financière difficile, SeaFrance casse actuellement ses prix pour faire du volume. P&O, son concurrent, mettra en service deux nouveaux ferries en 2011. Euro tunnel prépare des dossiers pour se défendre d’une concurrence jugée déloyale : contrairement à Eurotunnel, les ferries bénéficient en effet d’une aide fiscale et sociale des États.
Plus fort que Batman, les quatre fantastiques et Spiderman réunis : Jacques Gounon, ou comment gagner des parts de marché et rester rentable à long terme dans un contexte déprimé et concurrentiel... impressionnant ! Les autres super-heros ? des has been, à coté...
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