TER : Disparition du train fantôme Aulnoye-Maubeuge-Mons avant Noël
FRANCE / BELGIQUE - « Pour être viable cette liaison doit être autre chose
qu'une simple navette, plus cachée qu'une maladie honteuse et systématiquement méconnue des centres de renseignements, obnubilés par les Thalys et TGV, lointains et bien plus onéreux. »
Voici un court extrait des propos tenus par Philippe Tabary, fonctionnaire européen et usager occasionnel de cette ligne. C'était en juillet 2004. Une mise en garde pertinente lancée avant la
réouverture à titre expérimental, en décembre 2005, des navettes transfrontalières, mais qui a, semble-t-il, été parfaitement ignorée.
Un manque évident d'information envers les usagers de la part de la SNCF, des correspondances calamiteuses ou encore des tarifs déraisonnables, voilà autant de raisons qui, selon les syndicats,
les élus et les usagers, expliquent le fiasco total des rames de la navette vers Mons. Pour Aulnoye-Quévy, la SNCF livre une moyenne catastrophique : entre 28 et 35 voyageurs pour 40 trains par
semaine. « En dessous de cinq voyageurs par train, on décide de fermer la ligne », souligne-t-on à la SNCF.
Aujourd'hui, au terme d'un essai de trois années, au rythme d'un million d'euros dépensé par an par la Région, l'expérience franco-belge est donc stoppée à compter du 14 décembre pour raison
économique. « Il n'y a personne dedans ! C'est une question de bonne gestion pour le conseil régional. Nous arrêtons cette formule qui n'est pas satisfaisante avec notamment la rupture
de charge. Mais sachez que l'idée n'est pas abandonnée. Nous réfléchissons, dans la perspective de l'arrivée d'un nouveau matériel AGC bi mode à horizon 2009-2010, à un "Maubeuge-Mons" et
même Bruxelles. », déclare Jeannine Marquaille, vice-présidente chargée des Transports à la Région.
La pilule est néanmoins difficile à avaler pour les rares voyageurs comme Yves Gérin, universitaire demeurant à La Fère dans l'Aisne. Au-delà, dit-il, de la décision « attendue sur le
fond, brutale dans la forme », ce chercheur à l'université belge de Louvain s'insurge contre le mépris affiché à l'égard de l'usager. « La fermeture signifie l'arrêt de mes
activités universitaires à Louvain. C'est un déni de démocratie et de respect des usagers, du service public. Aucune concertation, information, réflexion sur cet échec résultant d'un désintérêt
manifeste. Des solutions étaient possibles, peu coûteuses, mais aucun débat n'a permis de les aborder. Aucune réunion du comité usagers Étoile d'Aulnoye, pourtant revendiqué comme l'argument
d'une vie démocratique ! Quant à la SNCB, quel assourdissant silence ! L'intéressé appréciera.
Chronique d'une mort annoncée... Le 14 décembre, la navette transfrontalière entre la Sambre et la Belgique, rouverte en 2005, sera supprimée après trois années d'une
période expérimentale non concluante pour le conseil régional. Une fréquentation étiolée a signé l'arrêt de mort de cette liaison franco-belge qui n'a jamais trouvé son public.
Dommage...
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