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PASSION-TRAINS

ACTU : Alliot-Marie met la LGV sous tension

4 Juin 2009 , Rédigé par sudouest.com Publié dans #ACTU

   FRANCE / ESPAGNE - C'est une véritable bombe que Michèle Alliot-Marie a lâchée ce week-end sur le projet de ligne ferroviaire à grande vitesse (LGV) entre Tours et l'Espagne. Une bombe de campagne électorale européenne, qui a aussi pris la forme d'un communiqué cosigné par le secrétaire d'État aux Transports, Dominique Bussereau. La ministre de l'Intérieur a invoqué des préoccupations environnementales et de préservation des paysages du Pays basque pour demander l'arrêt des études de la ligne ferroviaire à grande vitesse au sud de Bayonne. Ni plus ni moins.

 

Ce communiqué de la ministre doit être soumis à l'arbitrage du Premier ministre, François Fillon, qui ne semble pas, selon les premiers échos venus de Matignon, y trouver ombrage. Ce n'est évidemment pas le cas du président de la Région Aquitaine, Alain Rousset. Ce dernier a tenu des propos très durs envers Michèle Alliot-Marie, hier dans nos colonnes. Mais le député européen UMP Alain Lamassoure, lui aussi des Pyrénées-Atlantiques, est à peine moins fâché. « Je suis en colère, admet-il. Cette attitude est incompréhensible sur le fond et la forme. Cela fait quinze ans que l'on discute de ce dossier. Les élus du Pays basque se sont déjà exprimés lors d'un débat public en faveur d'une nouvelle ligne. »

Comme d'autres, Alain Lamassoure craint aussi que cette prise de position d'un ministre en exercice remette en cause ou retarde le projet. « Jamais le gouvernement et l'Europe ne se lanceront dans cette aventure si l'on ampute un morceau d'une ligne qui a une cohérence d'ensemble, notamment pour sa partie transfrontalière vers l'Espagne. La position de Michèle Alliot-Marie n'est d'ailleurs pas celle de l'UMP, ni, jusqu'à présent, celle du gouvernement qui a toujours soutenu ce projet. Aujourd'hui, il faut justement demander des études approfondies pour éviter d'abîmer le paysage du Pays basque au sud de Bayonne. »

Pour bien comprendre, il faut rappeler que cette future ligne grande vitesse concerne d'abord un tronçon entre Tours et Bordeaux pour relier Paris à Bordeaux en deux heures (lire calendrier par ailleurs). Puis, la ligne en question se couperait en deux. Une partie irait vers Toulouse. Et l'autre se dirigerait plein sud, en passant par Dax et Bayonne, jusqu'à Vitoria en Espagne. Pour les voyageurs comme pour les marchandises (fret). Michèle Alliot-Marie a donc pris soin de préciser qu'elle ne remettait pas en cause l'ensemble du projet mais réclamait un moratoire pour la création de cette ligne au Pays basque en attendant de démontrer sa nécessité.

« Il faut quand même d'abord être certain qu'une ligne à ciel ouvert, qui défigurerait le Pays basque, soit vraiment utile. Ce serait une folie de la faire passer à Urrugne ou Guéthary. Je ne vois pas comment c'est possible. La priorité est déjà d'aller jusqu'à Bordeaux et Bayonne. Pour le reste, cela peut attendre », explique le député UMP du Pays basque, Daniel Poulou, qui était le suppléant de Michèle Alliot-Marie.

 

Le député européen de Bordeaux, Gilles Savary, considère, au contraire, comme Alain Lamassoure, que cette ligne correspond à une stratégie ferroviaire européenne pour limiter le trafic des camions. Le financement de l'Union porte d'ailleurs essentiellement sur la partie transfrontalière entre Dax et Vitoria, visée par Michèle Alliot-Marie. « Elle risque de voir les 672 millions d'euros débloqués à cet effet profiter exclusivement à la section espagnole et être réaffectés à d'autres projets. Elle veut condamner durablement les cols basques, ainsi que l'Aquitaine, au règne du tout camion », résume le député.

Le Parti socialiste girondin, par la voix de son premier secrétaire fédéral, Ludovic Freygefond, a évidemment critiqué « le caractère improvisé et irresponsable de cette décision », qui « a mis au grand jour les divisions de l'UMP ». Quant à Jean-Louis Carrère, vice-président du Conseil régional en charge des transports, il affirme que « Michèle Alliot-Marie n'est pas favorable depuis le début à une ligne à grande vitesse en site propre ». « Lorsqu'elle tient ces propos en étant ministre de l'Intérieur, c'est un abus de pouvoir. On sait très bien que cet axe sera saturé et que l'on a besoin d'une ouverture vers l'Espagne. La traversée du Pays basque est complexe. On doit justement étudier des passages enterrés et semi-enterrés. » Des propos sensiblement identiques à ceux d'Alain Lamassoure. La ministre de l'Intérieur aura, au moins, fait tomber des barrières politiques avec ses déclarations.



Super-Pimbèche a encore frappé : après l'arrestation hyper-médiatisé d'un groupe d'arnarcho-autononome et qui s'est révélé être un retentissant fiasco, MAM remet le couvert et a invoqué des préoccupations environnementales et de préservation des paysages du Pays basque pour demander... l'arrêt des études de la ligne ferroviaire à grande vitesse au sud de Bayonne. "Parce que c'est plus fort que moi : j'aime flatter mon égo et faire mon intéressante pour qu'on parle de moi..."

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