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PASSION-TRAINS

POLEMIQUE : Échec du fichage ethnique à la SNCF

29 Octobre 2010 , Rédigé par Lepoint.fr Publié dans #ACTU

logo SNCF FRANCE - La SNCF se serait bien passée de cette affaire embarrassante. En plein conflit sur la réforme des retraites, la direction régionale de la SNCF en Paca a dû faire face à une fronde syndicale d'un tout autre genre. En cause ? Une fiche de signalement distribuée aux agents de Marseille afin qu'ils fassent remonter à la police ferroviaire des informations sur les auteurs d'agressions dans les trains, notamment sur leurs origines.

 

Intitulé "Restons acteurs de la sûreté", le document, diffusé depuis une semaine par la compagnie nationale et publié par le quotidien régional La Marseillaise, présente un modèle de fiche de signalement "déjà utilisé entre le Service interdépartemental de sécurisation des transports en commun (SISTC) et la Régie des transports de Marseille". Dans le détail, la fiche prévoit de préciser le sexe, la taille, la couleur de cheveux, la tenue vestimentaire et le "type" de l'individu. Sous la rubrique "Type", il est notamment possible d'indiquer si le ou les agresseurs sont "européens", "africains", "nord-africains", "asiatiques", "latino-américains", "gitans" ou originaires des "pays de l'Est".

 

"C'est une honte. La méthode est purement subjective : comment ne pas faire d'amalgame entre un Antillais et un Africain ?" dénonce le secrétaire Sud-Rail de Marseille, Joël Nodin, dont le syndicat s'est fendu mercredi d'un communiqué dénué de toute ambiguïté. Extraits : "La mission de service public des cheminots consiste d'abord à assurer la sécurité de circulation et celle des usagers et non de concourir à des actes de stigmatisation des individus en fonction de leur type." Et de demander à "tous les cheminots" de "refuser de participer à ce genre de descriptions qui servent de paravent à la mise en oeuvre de la politique antisociale du gouvernement". Moins virulent mais tout aussi scandalisé par la démarche, Daniel Tourlan, responsable régional CGT des cheminots en Paca, estime pour sa part : "Si la lutte contre la fraude et les agressions est légitime, le procédé est antirépublicain, à la limite de la déontologie."

 

La SNCF, qui souhaite apaiser les esprits, parle d'une "méprise". "Ce n'est en aucun cas un fichier ethnique, avance d'emblée un chargé de communication de la direction régionale. Notre souci était de recueillir le plus d'éléments afin d'interpeller le ou les agresseurs le plus rapidement possible. C'est un outil d'urgence. Une fois le signalement indiqué aux policiers, la fiche aurait atterri à la poubelle. Tout ceci est une fâcheuse erreur d'interprétation." Devant le tollé général, l'entreprise publique a toutefois décidé de retirer le document mercredi soir, en expliquant qu'à sa connaissance, aucune fiche n'avait été "remplie" et que si c'était le cas, elle serait "détruite".

 

 

"Je m'excuse de m'être fait agresser... mais comme mes potes de CGT cheminots ne veulent pas que je remplisse des fiches pour décrire mon agresseur, je ne pourrais même pas vous dire qui a fait le coup..." Effectivement, voici un discours très cohérent ! C'est bien de dénoncer les agressions contre les agents ; c'est encore mieux de faire en sorte que cela ne se reproduise plus. Mais allez expliquer ça à un syndicaliste...

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