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PASSION-TRAINS

FOCUS : Le canon sur rail de 280 mm, type K5, de la Kriegsmarine (1939-1945)

10 Septembre 2005 , Rédigé par Eric Publié dans #FOCUS

 Une fois n'est pas coutume, voici aujourd'hui un sujet pas très courant et qui tranche singulièrement avec les articles sur les rames TGV, les locomotives diesels et électriques et autres wagons dont j'ai l'habitude de parler sur mon site.... mais parce que sur passion-trains on s'intéresse à tout ce qui touche au milieu ferroviaire et que l'on ne se limite pas au seul matériel contemporain,  l'occasion était trop belle aujourd'hui de produire un article sur une curiosité quelque peu insolite dans le milieu du rail : je veux bien entendu parler du canon allemand sur rail de défense cotière de la Kriegsmarine, le K5, et dont une pièce unique en europe est encore en exposition aujourd'hui dans le nord de la France, au musée de l'atlantique à Audinghen (Pas-de-Calais).
 
Pièce d'atillerie de marine sur voie ferrée,  le célèbre canon K5, avec son tube légendaire de 280 mm... 218 tonnes sur rail et des obus de 255 Kg / pièce ! arf ...fallait pas faire chier la Wehrmacht en 1940 ...
 

 Mais avant de trancher dans le vif du sujet, un peu d'histoire... L'Allemagne fut sans conteste la nation la plus avancée en matière d'artillerie sur voie ferrée pendant la Seconde Guerre. Son propre réseau ferré puis celui de l'Europe (occidentale) occupée lui donna amplement l'occasion de déplacer et d'utiliser cette forme extrême de l'artillerie. L'obsession de Hitler avec les canons les favorisa dès la première moitié des années trente. Plus de la moitié des modèles utilisés pendant la guerre furent le résultat du programme "Sofort". Il s'agissait de rendre le plus rapidement possible à l'Allemagne un minimum de capacité militaire pour sortir de la situation d'impuissance résultant du traité de Versailles.

"Sofort" (« tout de suite », en allemand) donna un grand nombre de modèles, avec des calibres allant de 150 à 280 mm. Le résultat était pourtant loin d'être optimal. Il s'agissait en général de canons de marine placés sur des affûts qui limitaient les performances de la pièce. En outre, les portées obtenues étaient insuffisantes. Avec l'après-"Sofort", la qualité s'améliora radicalement : si le 280mm K (E) 'Neue Bruno' n'est encore qu'une version de transition, le 280mm K5 sur voie ferrée est un sommet en matière de pièces sur voie ferrée. Non seulement il était facile à mettre en batterie et son rythme de tir était satisfaisant, mais sa portée, avec quelques aménagements des munitions, s’avérera tout simplement incroyable. en matière de portée, seul le 210mm K12 (E), un descendant d'une pièce à longue portée de la Première Guerre, pouvait lui faire concurrence.

Canon K5 en action dans le détroit du Pas-de-Calais, en 1941. C'est encore les anglais qui vont ramasser...

Les travaux de mise au point du canon K5 commence chez Krupp à la fin des années 20 et aboutissent à deux premiers prototypes en 1934 (avec un tube de 150 mm pour les tests) . Dès 1937, ces pièces d’artilleries seront équipées d’un tube de 280 mm.

Malgré des problèmes de  résistance de tube au début, le K5 fut un excellent matériel : l'arme était montée sur un caisson porté par deux boggies de six essieux. Le jeu entre le caisson et les boggies permettait de pointer l'arme dans n'importe quelle direction, quelque soit l'axe de la voie. Pour augmenter la vitesse initiale, les cartouches avaient des bourrelets qui s'engageaient sans à coup dans les rayures du canon. Cela permettait de propulser l'obus avec une charge propulsive accrue. La portée normale de 62 km pouvait être accrue jusqu'à 86 km avec des obus boostés par des fusées (à partir de 1943), mais avec une diminution de la précision et de la charge explosive. Le centre de recherche de Peenemünde mis même au point une âme lisse de 310 mm et des obus flèche qui portaient jusqu'à 153 km ! (quelques uns furent effectivement tiré à la fin de la guerre).

 

Mise en batterie d'un K5 ; la photo est digne d'une catalogue de VPC ! (la Société Krupp tient néanmoins à nous faire savoire qu'en raison d'une forte demande dans les années 40, cette référence est cependant momentanément épuisée...)


La mise en oeuvre d'un de ces canons nécessitait un train complet, avec wagons spéciaux pour les servants et les munitions. 8 pièces étaient disponibles en 1940 quand commença le pilonnage de la Grande Bretagne. Les principaux terrains d'action du K5 furent donc le Pas de Calais pour balancer des prunelles sur les anglais, Leningrad en Russie et en Italie où ils se firent connaître (ou craindre) sous divers surnoms : de "Schlanke Bertha" ("mince Bertha") dans le camp allemand à "Anzio Annie" pour les américains. Le dernier usage opérationnel des K5  fut le bombardement de Maastricht et Verviers en 1945 par deux pièces de 310 mm qui avaient été originellement prévus pour tirer des Peenemünder Pfeilgeschoss (obus-flèche de Peenemünde).

 

Aujourd'hui, des 28 engins de ce type produits entre 1936 et 1943, deux pièces seulement ont survécu à la guerre. "Anzio Annie" le canon confisqué par les américains, est régulièrement entretenu et est librement accessible en face du musée de l'artillerie des Etats-Unis (United States Army Ordnance Museum).


 

"Anzio Annie" à Aberdeen, aux Etats-Unis...

 

La deuxième pièce d'artillerie en revanche fait elle peine à voir.... longtemps conservée comme prise de guerre par l'armée française aux arsenaux de Brest, elle est depuis peu exposée au musée de la batterie Todt sur le mur de l'Atlantique près de Calais où l'air marin finit de ronger l'acier... Un triste sort donc pour un canon qui fit trembler l'Angleterre, au sens propre comme au sens figuré. 

 

 

 

 

... et son jumeau à Audingen, dans le Pas-de-Calais; grandeur et décadence d'un canon qui fit trembrer le monde libre pendant la seconde guerre mondiale ! c'est pitié que de voir du matériel aussi peu entretenu.

 

 

 Et dans le domaine du modèle réduit, ça donne quoi ?

Bien qu'insolite, le canon K5 n'en demeure cependant pas moins une très belle pièce à posséder absolument et bien entendu il fut très vite représenté en modèle réduit.  Au 1/72e tout d'abord par divers fabricants (dont des japonais comme le fabricant Hasegawa, allez comprendre...), puis au 1/87e ensuite par le fabricant italien LIMA qui l'a intégré dans sa série "Lima Collection"  réprésentant du matériel ferroviaire de l'armée allemande (soit dit en passant, une très belle série, et dont les modèles font la fierté de ma collection !)

 

Difficile cependant de faire rouler cette pièce d'artillerie sur un réseau ferroviaire. à moins de créer un diorama bien spécifique... car faire cohabiter sur votre réseau votre rame Eurostar et un convoi transportant un K5 aura quelquelque chose d'un peu anachronique... mais quelle importance après tout  : l'essentiel étant, comme chacun sait, de se faire plaisir !

 

Si vous recherchez un tel article sachez donc que Lima l'a décliné en plusieurs versions : en pièce unique tout d'abord en colorie camouflée (réf. L303500) ou en livrée sable (réf. L149985) , mais aussi en coffret incluant également une locomotive de la Wehrmacht (réf. 149704G ). Pour le canon tout seul, comptez au minimum 50,- € sur les sites aux enchère en ligne... Le coffret complet se négociant pour sa part plutôt à partir de 150,- € minimum.

 

Canon K5 portant le nom de "Leopold" dans la réalité...

... Et ici en modèle réduit réalisé par LIMA. On appréciera tout particulièrement le petit obus rouge et amovible sur le point d'être chargé dans la chambre du canon... Une très belle réalisation  de chez Lima !

Commenter cet article

C
site web de l'U.M.S.O: umso31.site123.me
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C
je suis le président d'un club "UNION DES MAQUETTISTES DU SUD -OUEST" je vous invite a voir le site Web de mon club ou vous pourrez voir mon K5 a l'échelle 1/35, merci a vous, cprdialement
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H
Audinghen et Batterie Todt sont le meme lieu. Le K5 a été placé en pret par la DGAT et depuis votre article a été restauré totalement
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A
Merci pour cet article, vous m'avez beaucoup aidé car c’est ma passion.
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É
Pas de problèmes, c'est faut pour ça
Y
<br /> <br /> Ce 5 mai 2011 : je reviens du musée de la batterie TODT sur le mur de l'atlantique .<br /> <br /> <br /> Je vous informe que ce canon a été entièrement repeint et a belle allure .<br /> <br /> <br /> C'est une pièce d'artillerie très impressionnante .<br /> <br /> <br /> <br />
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