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PASSION-TRAINS

HISTOIRE : Les cheminots « soumis aux lois de guerre allemandes »

26 Janvier 2011 , Rédigé par Lalsace.fr Publié dans #LE SAVIEZ VOUS

logo SNCF FRANCE - Après avoir humilié la France dans le wagon stationné en gare de Rethondes, les Allemands se sont retournés vers d’autres voitures, à même de les aider dans leur effort de guerre. La convention d’armistice signée entre les deux pays mettait en coupe réglée les chemins de fer français.

 

La SNCF n’a pas tardé à faire savoir à son personnel les conditions dans lesquelles il allait désormais devoir travailler avec les nazis. Un ordre du jour du 24 juillet 1940 stipulait que « toutes les organisations françaises des chemins de fer, des routes et des voies navigables, y compris leur réseau de transmissions, situées dans le territoire occupé par les troupes allemandes, sont à la disposition pleine et entière du chef allemand des transports ». La Direction des transports militaires, mise en place par l’occupant, avait la haute main sur la SNCF.

 

Cet ordre du jour ne réglait pas les affaires d’horaires ou de mise à disposition du matériel. Il prévenait le personnel que « tous les fonctionnaires, agents et ouvriers de la SNCF sont donc soumis aux lois de guerre allemandes » et que « les lois de guerre allemandes sont très dures; elles prévoient presque dans tous les cas la peine de mort ou des travaux forcés à perpétuité ou à temps ».

 

Le 18 août suivant, l’ordre du jour 36 précisait que « le directeur général attire l’attention du personnel sur le devoir absolu qui s’impose aux agents de tous grades d’appliquer en toute loyauté et avec une complète correction les obligations qui découlent de la convention d’armistice ». Par la suite, une série de textes, de rencontres au sommet vont conduire à mettre la société au service de l’occupant.

 

Dans Vichy et les Juifs, l’historien américain Robert Paxton souligne que « l’organisation des chemins de fer français fit en sorte d’opposer une résistance étendue et bien organisée à toutes les exigences allemandes, à l’exception des déportations à l’Est. Tout au long de la guerre, on demanda aux cheminots français de conduire à la frontière allemande des convois de déportés, de prisonniers et de travailleurs forcés ».

 

Paxton souligne aussi que « rien ne s’interposa pour empêcher les transports à Auschwitz, même pendant l’été 1944, lorsque le sabotage provoqua de graves déraillements et affecta d’autres convois. Aucun des 85 convois de Juifs déportés ne dérailla ou ne subit d’autres avaries ». L’historien cite au titre d’exception « les employés (qui) aidèrent apparemment environ 50 enfants juifs à s’échapper d’un convoi, en septembre 1942 ».

 

Certains hauts dirigeants de la SNCF collaborèrent sans aucun remord avec l’occupant. Ce fut le cas de Pierre Girard, chef du service des horaires de la région Sud-Est, dont le témoignage a été recueilli par l’Institut Hoover après la guerre. On peut lire dans ce document qu’en « juin (1942), malgré les protestations de Pierre Laval, les Allemands commencèrent à déporter les Juifs. Au début, ils n’inquiétèrent que ceux dont l’hostilité à leur égard s’était manifestée ouvertement, ou dont le rôle dans le « marché noir » avait trop attiré l’attention des « occupants ». Pierre Girard se montre particulièrement sévère pour les résistants du rail.

 

En tant que cadre de haut niveau, Girard participa à de nombreuses rencontres avec les Allemands. Ces sommets, à l’échelle de l’Europe sous domination nazie, étaient destinés à harmoniser le trafic ferroviaire afin de permettre aux Allemands de faire circuler au mieux leurs trains militaires. Les Allemands envisageaient même de créer une « Europe du chemin de fer ». Ils effectuèrent aussi de nombreux prélèvements sur le matériel français. Ainsi, en juin 1942, soit quelques semaines avant la rafle du Vel’d’Hiv’, le ministre allemand en charge du programme de guerre, Albert Speer, se rendit à Paris pour faire main basse sur une partie du parc ferroviaire de la SNCF. Il exigea que la France fournisse 1100 locomotives, 800 voitures de voyageurs, 37 500 wagons et des milliers de km de rails.

 

 

Le saviez vous ? Un mois à peine après la capitulation de juin 1940, la SNCF était incluse dans la convention d’armistice signée entre la France et l’Allemagne nazie. Une période pas franchement glorieuse de notre histoire... et qui a fait naitre de veritables héros et des crapules de la pire espèce, à la SNCF comme dans le reste du pays...

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